La dévotion moderne: les caractéristiques et les symptômes des catholiques "traditionnels"
Par le père Javier Olivera Ravasi.
Traducido del español. Artículo original, aquí
Certains problèmes spirituels actuels peuvent avoir pour racines un courant spirituel catholique, largement répandu dans nos milieux et dans nos cœurs : la dévotion moderne. Cet article vise à identifier les grands traits de ce mouvement, ainsi que les travers qui peuvent en découler. [1]
La dévotion moderne est un courant spirituel d’inspiration franciscaine et augustinienne qui a vu le jour dans la seconde moitié du XIVe siècle dans les Pays-Bas; ses fondateurs furent Gerardo Groote et son disciple Florencio Radewijns. [2]
En s’inspirant librement du travail magnifique du Père García-Villoslada, voilà quelques-unes des principales caractéristiques de cette tendance qui a pénétré dans divers groupes laïcs et religieux de notre temps.
1- Le christocentrisme
« J’essaye d’imiter Jésus, mais je n’arrive pas à me laisser pousser la barbe »
Bien sûr, le Christ est le centre de la vie chrétienne; c’est indéniable. Mais alors que dans les premiers siècles du christianisme, le christocentrisme se référait à la divinité de Notre Seigneur, celui de la dévotion moderne insiste sur son humanité. Il se traduit concrètement par l’étude et la méditation de l’homme qu’était le Christ. C’est une sorte de « christocentrisme pratique» plutôt qu’un « christocentrisme mystique». Autrement dit, le Christ est montré comme « exemple opérationnel». L’accent est mis sur l’imitation pratique de Jésus. Le Christ est présenté avant tout comme un modèle éthique qu’il faut recopier, comme Saint Martin pour les militaires ou Michel-Ange pour les peintres et les sculpteurs.
Tout comme les autres caractéristiques que nous verrons, ce n’est pas un mal en soi. C’est à dire que nul homme s’il est sain d’esprit ne peut penser qu’il est mauvais de mettre l’humanité du Christ au cœur de ses pensées. Le mal survient lorsque le “christocentrisme pratique” est trop accentué. Cela peut pousser à dénigrer la contemplation abandonnée, et principalement la contemplation du mystère de Dieu qui s’est fait homme. Cette exagération d’une caractéristique bonne en soi jusqu’au déséquilibre peut se retrouver dans toutes les autres caractéristiques de la dévotion moderne.
De toutes les réflexions sur le Christ, ce « christocentrisme pratique» insiste sur la méditation des souffrances et de la passion du Christ. Il faut le répéter encore, ce n’est pas mauvais en soi. Qui peut renier qu’il s’agit ce mode de sanctification, qui a conduit Saint-Paul de la Croix, Saint Alphonse, Sainte Rose de Lima, et bien d’autres à la gloire des autels? Mais l’accentuation excessive de ce trait peut entre autres nous conduire -et a conduit certaines parties de l’Église- à une sorte de jansénisme qui conçoit tout plaisir comme un péché. Autrement dit, il n’y a pas de distinction dans le domaine du plaisir entre l’ordonné et le désordonné, entre le légitime et l’illégitime. Cela peut aussi conduire à la dangereuse confusion selon laquelle un dévot est nécessairement sans cesse contrit et pénitent.
Quelqu’un qui suit cette dévotion moderne risque de vivre en attrition et contrition permanente, sans joie interne ou externe. Il s’agirait d’un christianisme théorique où n’entreraient pas Saint Simon “le fou”, Saint Philippe Néri, et Chesterton pour ne citer qu’eux.
2- Le culte de la méthode
« Si tu suis à la lettre cette check-list, peu importe comment tu aimes, tu deviendras un saint. »
C’est, selon García-Villoslada, une caractéristique fondamentale de la dévotion moderne [3].
L’axiome de base de cette école spirituelle est simple : la vie de l’âme doit être soumise à un régime. Il s’agit d’insister sur l’organisation et la règle, de façon géométrique. C’est un système» conçu pour uniformiser l’âme. Avec une raideur extrême, il contrôle le temps, les jours, les semaines, les mois, les années ; il mène un audit fiscal et une vérification approfondie de tous les mouvements et les comportements de la vie du chrétien.
De toute évidence ici, une méthode pour l’âme n’est pas encore un mal en soi, mais sa dégénérescence et son hypertrophie peut tuer l’âme à petit feu. La méthode est faite pour l’homme et non l’homme pour la méthode… Egalement, l’imposition d’une même méthode de sainteté à tous les hommes faussement considérés comme interchangeables doit être dénoncée. En effet il est tout autant injuste de traiter également des inégaux qu’inégalement des égaux.
Cette dégénérescence de la méthode, selon Gilson, n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt une évolution de la philosophie nominaliste et de la scolastique décadente. En accentuant le volontarisme à l’excès, elles ont donné priorité absolue à l’ethos sur le logos; au subjectif sur l’objectif; à l’expérience sur la contemplation. Contrairement à la dévotion traditionnelle, où la priorité est donnée à la prière publique et au sein de laquelle une liberté complète pour la dévotion personnelle est donnée, la dévotion moderne règlera avec excès cette même dévotion privée [4]: elle déterminera soigneusement le sujet de la méditation, l’heure, l’objet, la durée dans le but que le dévot ait toute la journée bien remplie. Absorbé tout le jour que sera le croyant, il n’aura pratiquement aucune possibilité d’avoir des loisirs, et donc de faire un péché.
De plus, un de ces penseurs de la dévotion moderne expose que « tout acte humain est bon lorsqu’il est ordonné », et par ordonné nous devons comprendre « ordonné par la rigueur méthodique.
Voilà donc un exemple de régulation de la façon de prier : ”En ce qui concerne les sujets de méditation, nous avons l’habitude de distribuer et d’alterner, de sorte que le Samedi on médite sur les péchés; le Dimanche sur le Royaume des cieux; sur la mort le Lundi, le Mardi sur les bienfaits de Dieu; le Mercredi sur le jugement Final; le Jeudi au sujet des peines de l’enfer; Vendredi sur la Passion du Seigneur.” [5]
Et non content de commander la préparation de la prière, de trancher le sujet de méditation de chaque jour, ils ont voulu en régler le temps, le lieu, et la position à garder. Tout doit être contrôlé, les loisirs étant une sorte de menace pour la dévotion moderne; et ce alors que les loisirs étaient essentiels dans la dévotion traditionnelle [6].
Saint Thomas lui-même aurait dit, un siècle avant la naissance de cette doctrine, faisant allusion à l’échelle de la prière décrite par saint Augustin: “Qui sera capable de prier, en suivant ces degrés de l’échelle et en effectuant avec ordre toutes ces opérations de l’esprit, du jugement et de l’affection?” Au contraire, Saint Ignace quant à lui conseillait plus de liberté dans la prière. Dans les Exercices Spirituels (n ° 76), il propose pour entrer dans la contemplation qu’on puisse être “à genoux, ou prostré sur le sol, ou couché face vers le haut, ou assis, debout, marchant, mais toujours à chercher ce que [l’on veut] …” Et “trouvant ce que je veux à genoux, il me faut garder la position, le trouvant prosterné, je garde la position, etc.” Il disait : « le point où je trouve ce que je veux, là je m’y repose, sans désir d’aller de l’avant jusqu’à ce que je sois satisfait. »
« L’amour de la vérité exige un loisir sain; la nécessité de la charité nous pousse à une occupation juste, à savoir, la vie active. Si personne ne nous impose ce fardeau, nous devons nous donner à l’étude et à la contemplation de la vérité. S’il s’impose à nous, il doit être accepté avec les exigences de la charité. Mais même dans ce cas on ne peut abandonner complètement le plaisir de la vérité, de peur qu’enlevé ce soulagement, la charge soit trop lourde » [7].
Toujours dans le cadre de cette deuxième option, il existe ici une emphase excessive, étouffant l’examen approfondi de nos consciences par des divisions et sous-divisions sans fin qui peuvent finir par harceler la vie de l’âme. Nous ne parlons pas ici de cette belle façon d’avancer dans la vie spirituelle qu’est l’examen de conscience, mais bien plutôt de cette attitude systématique de l’esprit qui fait de la sainteté une liste avec des cases à cocher. Nous comprenons que cette méthode peut être utile (elle l’a sûrement été pour certains saints!) et fut même recommandée par saint Ignace dans ses Exercices Spirituels (NN 27-31) mais cette méthode doit servir l’âme pour atteindre le but pour lequel elle a été créée: Dieu.
La méthodolatrie de l’esprit peut se transformer en recette de cuisine sous le regard du directeur spirituel qui agira finalement plus comme un contrôleur, comme un contremaître. Il analysera et réglementera le travail, le sommeil, les repas, les relations, conduisant ainsi l’âme à un infantilisme spirituel. De même que précédemment, il serait erroné de parler d’un mal intrinsèque d’avoir un directeur spirituel (car presque tous les saints en ont eu un!), mais bien du mal intrinsèque de la soumission servile à un homme sans reconnaître que celui qui est sauvé ou condamné est bien le dévot.
Sur ce sujet, le Père Castellani a dit: « Nous ne pouvons pas être sauvé grâce à la conscience d’un autre! Nous ne pouvons pas nous dispenser de discriminer exactement avec notre raison, le bien et le mal, l’un à prendre et l’autre à jeter! La raison d’un autre ne peut pas être notre guide intérieur: les actes moraux sont immanents! S’il suffisait pour être sauvé automatiquement faire ce qu’un autre nous dit, quel serait alors le rôle de la foi, la prière, la méditation, la direction spirituelle, l’examen et l’étude? »[8].
Exercer sa volonté ne peut être quelque chose de mauvais en soi, mais le volontarisme oui car il met un accent excessif sur ces choses, au détriment d’autres activités de la dévotion traditionnelle (prière liturgique, attitude apostolique, etc.). Exercer sa volonté peut donc être dangereux. Et si le directeur spirituel d’une âme est une personne vertueuse, alors il sera un adjuvant pour la quête de l’âme, mais si le directeur spirituel est complice de ce processus de dévotion moderne, que ce soit conscient ou inconscient, il y a un risque que les vocations soient fabriquées, la vie spirituelle contrainte, les consciences manipulées et que les âmes pensent que Dieu les a créées égales.
Dieu nous garde de ces directions spirituelles qui ne respectent pas les âmes! Il vaut mieux aller aveugle que compter sur un aveugle et ainsi tomber dans une fosse …
« Il existe une méthode ascétique par laquelle vous pouvez vous sanctifier »; « Il y a une méthode par laquelle vous pourrez devenir saint si vous la suivez à la lettre… » Des choses qu’on entend parfois et qui résonnent comme ces recettes de télévision qui vous font perdre du poids presque comme par magie. C’est une très grave erreur et pourtant c’est ce qui prévaut aujourd’hui dans certains milieux soi-disant traditionnels. Cette ascèse méthodique peut conduire au volontarisme. Et l’ascétisme de la dévotion moderne, en méprisant ainsi la mystique est un ascétisme dangereux.
3- Moralisme
« Ne met pas ton doigt dans ton nez»
De la tendance pratique et opérationnelle de la dévotion moderne surgit cette caractéristique, en vertu de laquelle l’Église se transforme en une école de morale tout comme le confucianisme en Chine par exemple. C’est-à-dire qu’il se produit un réductionnisme grave qui limite la religion à la casuistique sans discernement critique autre qu’une sorte de liste des péchés et des vertus, une description de ce qui est convenable.
Là encore, la casuistique n’est pas mauvaise en soi (les grands confesseurs doivent l’étudier), mais la réduction de la vie spirituelle à la connaissance et au respect des devoirs d’état et des lois ecclésiastiques seulement engendre des dangers. C’est une des raisons pour laquelle la dévotion moderne utilise de façon permanente des citations, proverbes, aphorismes et maximes, comme des fables d’Esope. Cela pourrait être inoffensif si ces courtes citations étaient utilisé comme la cerise sur le gâteau après un long développement, mais l’utilisation de cette ressource hors de son contexte, détachée de son essence, est exagérée. Elle se termine en faisant des Saintes Écritures, des Pères de l’Eglise, ou du monde gréco-romain à peine plus que de précieuses mines d’exemples, en négligeant insupportablement leur vrai sens et leur causalité exemplaire pour les chrétiens. En conséquence, les bons habitus ne sont pas atteints, mais seulement un glaçage qui n’atteindra jamais le cœur, l’être profond.
Aujourd’hui, ce « moralisme» va généralement de pair avec une forme de stoïcisme.
On nous dit parfois sans donner les fondements : « Ceci se fait, cela ne se fait pas », « tu dois faire ceci, tu ne dois pas faire cela », « c’est ainsi, ce n’est pas comme cela ». C’est la bonne façon d’agir envers les enfants, quand ils ne sont peut-être pas encore prêt à connaître les raisons de nos consignes; mais cette façon d’agir ne doit pas être définitive ! En parallèle, cette casuistique stoïque peut donner des résultats à un certain niveau de formation du croyant, mais au bout d’un moment l’âme a besoin de plus et s’y elle ne l’a trouvé dans la dévotion moderne (seule chose qu’elle connaît), le christianisme régulationniste finit par le dégoûter.
4- Tendance anti-spéculative
« Ta raison est bourrée d’orgueil, cesse donc de réfléchir »
Comme García-Villoslada le souligne, la dévotion moderne est née en opposition à une certaine spiritualité nébuleuse et hautement spéculative dans laquelle, « la langue absconse et difficile des scolastiques avait infecté les mystiques, qui parfois discourait avec des raisonnements subtils de questions aussi sublimes que inintelligibles » [9]. C’était la langue de la scolastique qui suivit la mort de saint Thomas d’Aquin, s’éloignant du discours clair de son fondateur.
La réaction contre les subtilités et les disputes scolastiques est ce qui conduisit les représentants de la dévotion moderne à non seulement réprouver la curiosité intellectuelle, mais encore à mépriser la science, au risque de tomber dans une religiosité purement émotionnelle ou dans un praticisme sans base théologique solide. À cet égard, nous avons dit plus haut que le nominalisme a été l’un des pères de cette école de spiritualité en remettant en cause non seulement la métaphysique de Thomas d’Aquin, jugée superflue, mais même la philosophie, cette la promotion de la vanité, « la mère des hérétiques » [10] selon Groote.
L’étude elle-même, devient suspecte pour ce courant; Radewijns indiquait:
« Étudier pour apprendre ou pour enseigner […] ne nourrit pas l’âme, mais au contraire la rend malade». Son successeur John Von Husden persévérera dans cette position, car il « empêchait ses frères d’étudier les livres de St. Thomas et d’auteurs similaires de la scolastique qui traitaient de l’obéissance, dans le but de les laisser dans la simplicité » [11].
C’est donc une réaction exagérée contre la scolastique décadente qui, au mépris de la science, fait tomber la dévotion moderne dans une religiosité purement émotionnelle. Quelques siècles plus tard, sans chercher bien loin, cette même cause poussera Luther à mépriser la raison, la « prostituée du diable».
5- Affectivisme
« Si tu ne sens rien quand tu pries, c’est que tu es loin de Dieu »
Il y a comme conséquence de la caractéristique précédente, une accentuation de l’affectif qui est vu comme l’élément le plus important de la relation avec Dieu, qui trouve peut-être sa source dans les racines franciscaines de la dévotion moderne. [2]
En effet, l’accentuation désordonnée du sensible, du sentiment, de l’émotion, de l’affect, produit une vie de l’âme qui reste à mi-chemin. Pour ce courant, la dévotion est ferveur, prière enflammée, pur remord et componction.
Et encore une fois, nous le répétons: il n’est pas si mauvais que la dévotion soit ferveur; le danger est l’exagération de ces notes sensibles, qui ne tiennent pas de la vie supérieure de l’âme, qui réduit tout au pur affectif et émotionnel.
Comme García-Villoslada dit:
« Les disciples de Groote sont eux-mêmes reconnus dans cette caractéristique. La dévotion est pour eux de nature plus affective que spéculative. La dévotion, pour eux, est essentiellement la ferveur, la prière enflammée et le désir de Dieu. Pour Mombaer, par exemple, la componction s’identifie à la dévotion. » [12]
Il importe de noter que pour la dévotion moderne, la dévotion est non pas comme dans la spiritualité traditionnelle « la volonté prompte à s’entretenir des choses de Dieu» [13] comme le dit saint Thomas, mais « cette pieuse et humble affection pour Dieu » exprimée au maximum dans la prière. Le dévot est alors affecté par des sentiments spirituels.
6- Biblicisme
« Si l’on suit Jean-Baptiste, il nous faut manger des sauterelles. »
Il y a aussi dans la dévotion moderne une utilisation marquée de la Sainte Écriture, qui semble louable et imitable. Toute la spiritualité traditionnelle a fait de la lecture de la Bible un moyen de la prière avec notamment la lectio divina. Sauf qu’ici dans la spiritualité moderne les lettres sacrées ne sont pas traitées comme une règle de foi, mais comme un réservoir d’exemples moraux et finalement comme un support pour l’endoctrinement moral: « une théologie simple et moralisatrice qui favorise la dévotion » [14] nous dit García-Villoslada.
Bien que les livres sacrés soient support pour argumenter, enseigner et corriger comme le dit saint Paul, ils ne sont pas tant pour cela, que pour connaître Dieu et l’aimer selon la façon dont Il se révèle. L’interprétation privée des écritures sacrées qui, quand elles sont lues hors de l’Eglise et de la Tradition, dans une “intériorité pieuse”, finissent par dire ce que le dévot veut entendre. Ce biblicisme individualiste aura pour conséquence logique la rupture protestante.
7- Intériorité et le subjectivisme
« L’Eglise est en crise, restons bien au chaud entre nous!”
Comme on peut le lire dans les textes des exposants de la dévotion moderne, ”l’homme pieux” et “l’homme intérieur” sont les mêmes, et l’on comprend par intériorité une “intériorité contrite”. Le dévot moderne pratiquement identifié à la figure contrite et douloureuse, doit non seulement rechercher la douleur intérieure, mais aussi la douleur externe, encourageant ainsi certaines pratiques de mortification.
Il est vrai, personne ne le nie, que depuis le péché originel nous sommes tous enclins à l’épicurisme plus qu’au stoïcisme, rejetant la mortification. La mortification est donc sans doute fort utile pour notre sanctification : mortification de la volonté, de la sensibilité, des jugements, etc. Le risque encore une fois est l’affirmation exagérée qu’en la mortification se trouve la sainteté. Autrement dit, l’exagération ici est ce qu’il y a de mauvais. Et dans certains environnements où abonde cette spiritualité, les exagérations sont malheureusement plus fréquentes que la simple privation.
Il est clair également que Notre Seigneur a dit: « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation, car l’esprit est ardent, mais la chair est faible» (Mt 26,41), mais ici il est question d’un moyen et non d’une fin. Au contraire, il est habituel que les extrémistes de la mortification finissent par devenir des extrémistes des plaisirs (la vertu n’est jamais dans les excès irrationnels). Il y aurait bien des exemples à cela, qu’à vouloir vivre avec pénitence mais sans prudence, on finit dans les plus folles passions des sens, mais un seul exemple suffira: une fois encore Luther.
En ce qui concerne le subjectivisme que les défenseurs de la dévotion moderne, voilà une brève explication historique qui permettra de mieux comprendre le problème et, peut-être mieux prévenir encore de ce danger.
« Ce désir d’intériorité, ce repli jusqu’aux parties les plus intimes de l’âme, marque la période historique où est née la dévotion moderne. C’est l’époque également du Grand Schisme où l’Église se déchire douloureusement sur la question du Vicaire du Christ, de son chef visible et spirituel auquel tous doivent obéir et rester uni. Quand tout est tumulte et confusion à l’extérieur, les âmes élues cherchent lumière et paix dans le silence, la retraite et la prière. Ne sachant pas qui est le vrai représentant de Jésus-Christ, ils regardent directement le Christ lui-même dans leur propre cœur et l’union personnelle avec Dieu “(…). Gerardo Groote obéissait à Urbain VI de Rome, et non à Clément VII d’Avignon. Mais le doute le tourmentait, et dans l’obscurité et la perplexité de sa conscience, il se consolait intérieurement pour apaiser et minimiser le schisme qui l’attendait à l’extérieur. L’important, disait-il, est de ne pas se séparer de la tête invisible qui est le Christ, racine et cause de l’unité fondamentale de l’Église; l’autre partie, externe, union des membres avec une tête visible, n’est pas si essentielle; il nous faut avant tout éviter le schisme intérieur » [15].
Quelque chose qui peut être analogue dans notre époque actuelle, où certains pourraient se réfugier dans leur fort intérieur et dire comme ce personnage du roman de Sabato “si le communisme vient, j’existerai et cela suffira.”
Fait intéressant donc, car certains de ceux qui s’opposent aujourd’hui à la dévotion moderne et qui s’en croient détachés, tombent malgré eux dans cette caractéristique. Ils attestent la crise de l’Église et se réfugient dans une tour d’ivoire, méprisant et dénigrant ceux qui n’y ont pas accès. Les conséquences de ceci sont plus graves encore, car la dévotion moderne enclenche ici un désintérêt pour la vie missionnaire et apostolique. Et ce manque d’intérêt relie les adeptes de la dévotion moderne aussi bien que ses plus grands détracteurs…
« Je ne veux sauver personne, je désire seulement me sauver moi-même ” diront certains. Ils évitent ainsi le risque de s’exposer et plus particulièrement l’apostolat actif. Ils ne se soucient donc pas de l’extension du Royaume. « En vain on cherchera dans l’Imitation de Jésus-Christ, et dans les autres livres de Kempis (…) une quelconque indication du devoir apostolique et missionnaire des chrétiens» [16]. Voici un exemple concret: quand Guillaume de Salvarvilla (l’un des disciples de Groote), demanda à son guide de se consacrer à la conversion des Eglises schismatiques orientales, Groote s’y opposa fermement et l’en découragea.
Nous rencontrons ici un nouveau paradoxe: lorsque les gens dénoncent la relation entre la dévotion moderne et les jésuites - quelque chose que nous ne nions pas ici a priori - l’épopée missionnaire de la Compagnie de Jésus est oubliée, ainsi que les origines franciscaines et augustiniennes de la dévotion moderne. Et ils oublient que les premiers jésuites comme Saint François-Xavier, non seulement ont été structurés théologiquement, mais étaient purs de toute trace de ce courant spirituel.
Ce subjectivisme conduit donc à une séparation du monde qui aboutit à peu ou pas d’inclination pour l’apostolat actif. Nos dévots modernes sont en effet plutôt introvertis et ont une mentalité bien plus individualiste que hiérarchique.
Kempis, qui est la quintessence de la dévotion moderne et déclare: « mieux sauver une vie innocente et solitaire que s’aventurer au milieu des loups et des dragons » [17]. Tout le contraire de ce que nous devrions demander et que demande Jésus à son Église: « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ... ».
Cela ne vaut pas tant pour la retraite du moine, de l’ermite (qui sont des vocations particulières), que pour le chrétien qui est dans le monde, mais dont la vie intérieure est dirigée par un esprit sectaire, élitiste. C’est un esprit de sacristie et non de sacrifice. C’est un chrétien qui ne pense qu’à se sauver lui-même sans en amener par amour plusieurs avec lui. Si cela était possible, alors le Verbe ne se serait pas incarné.
Dans une phrase sévère, mais précise, García-Villoslada résume:
« L’action de la grâce dans l’âme est supposée par la dévotion moderne, mais selon elle il est jugé plus sage et plus efficace d’insister sur une intense collaboration du libre-arbitre. Ainsi, à cause de leur influence, nous parlons des vertus solides plutôt que des vertus hautes, de l’élimination des défauts plutôt que la fidélité aux inspirations du Saint-Esprit, de la méditation plutôt que de la contemplation, de l’héroïsme des petites vertus plutôt que de la grandeur des vertus héroïques. La vie quotidienne de ces dévots, avec son attention méticuleuse aux détails, ressemble à un art miniature plutôt qu’un grand chef-d’œuvre. » [18].
Concluons cet article avec une prière [19] :
Pour lutter contre le pragmatisme de la méditation, donnez-nous de saisir l’importance de la primauté de la contemplation des mystères divins et donnez-nous la primauté du Logos sur la praxis.
Contre la douleur trop nommée et recherchée, donnez-nous la joie débordante qui est le fruit de la charité héroïque.
Contre la méthodologisation de la vie spirituelle, donnez-nous le sommet du mont Carmel dont la loi est l’absence de lois (de la casuistique légaliste) et la docilité simultanée aux inspirations du Saint-Esprit.
Contre l’étouffante dictature des devoirs d’état, qu’ils soient vrais ou faux, donnez-nous l’attitude délibérée de chercher les plus grands et audacieux exploits pour la gloire de Dieu.
Contre la castratrice focalisation sur la fidélité dans les petites choses, donnez-nous la passion de conquérir le monde pour Vous.
Contre le mépris de la spéculation haute et profonde, donnez-nous la sagesse agenouillée devant l’insondable Mystère de la Sainte Trinité, une sagesse illuminée, extasiée, enflammée, folle et aimante.
Contre la fuite des grandes batailles apostoliques, donnez-nous l’épopée missionnaire, donnez-nous milles batailles anxieuses, des conversions et le martyre.
Et enfin… Restaurez toujours notre spiritualité!
Si dans la dévotion moderne tout commence à partir de l’homme, daignez-nous aidez à tout faire commencer à partir de Vous. Car tout commence à partir de Vous, à commencer par l’homme.
P. Javier Olivera Ravasi
Le 20/10/2016
Notes :
[1] Divers auteurs se sont déjà employés à réfléchir sur ce thème très délicat que nous abordons ici comme par exemple Carlos Disandro, l’Argentine bolchevique ; Fray Petit de Murat, Lettre à un trappiste…
Et je dis “abordons” car il ne s’agit ici que d’un portrait brossé, avec seulement quelques contributions propres. Ce document est plutôt un commentaire sur la conférence du Dr. Antonio Caponnetto réalisée en 2013, à partir de l’article du Père García-Villoslada, “Les traits caractéristiques de la dévotion moderne” en Manresa 28 (1956) 315-358). Nous avons simplement utilisé la transcription de la conférence d’ajouter quelques concepts propres et des citations pertinentes du travail de García-Villoslada. Nous apprécions également les contributions du P. Federico Highton.
[2] Cette école spirituelle a éclos chez “les Frères de la vie commune”, une communauté religieuse de racines augustinienne et franciscaine. Ces origines ont une importance non négligeable pour notre raisonnement. Et il fallait le souligner afin d’éviter l’amalgame trop répandu entre la dévotion moderne et la spiritualité de la Compagnie de Jésus. Non que les Jésuites s’en soient gardés, mais que les traces de dévotion moderne chez eux ne sont pas sous la forme qu’on imagine habituellement.
[3] García-Villoslada, op. cit. , 320.
[4] “Les anciennes règles monastiques ne précisaient pas ce qu’il faut faire à chaque instant, spécialement le temps réservé pour la prière individuelle en privé. La méditation n’était pas obligatoire pour tous, seule la prière publique et commune dans le chœur était requise (ibid., 321).
[5] “Quas materias sic solemus dividire et alternare sic, ut meditemur sabbatis de peccatis; dominica die dé regno coelorum; feriis secundis de morte; feriis tertiis de beneficiis Dei; feriis quartis de iudicio; feriis quintis de poenis inferni; feriis sextis de Passione Domini… » (Ibid., 324). Pour avoir une idée plus clair de la complexité de cette méthode mécaniste régulant la prière, voir comment Mombaer, l’un de ses exposants divisait: A) RECOLLIGENDI MODUS (cogito quid, quid cogitandum), B) GRADUS PRAEPARATORII (repulsio eorum quae minus cogitanda). C) GRADUS PROCESSORII ET MENTIS (exercice de la mémoire) commemoratio … consideratio … Attentio … Explanatio … Tractatio … D) GRADUS PROCESSORII ET LUDICII (Exercice de la compréhension) Dijudicatio … Causatio … ruminatio … E) GRADUS PROCESSORII ET AFFECTUS (Exercice de la volonté) Gustatio … Quaerela … Optio … Confessio … Oratio … Mensio … Obsecratio … Confidentia … F) GRADUS TERMINATORII Gratiarum actio … Commendatio… Permissio … G) MODUS COMMORANDI complexio …
[6] Cf. le beau livre de Josef Pieper, Des loisirs et la vie intellectuelle, Rialp, Madrid 1962.
[7] Saint Thomas d’ Aquin, Somme Théologique, II-II, q. 182 a. 1, ad. CU3.
[8] Leonardo Castellani, A propos de l’obéissance
(http://www.statveritas.com.ar/Autores%20Cristianos/Castellani/Castellani14.htm ).
[9] García-Villoslada, op. Cit. , 328-329.
[10] Cité par García-Villoslada, op. Cit. , 330.
[11] Ibid., 331. Une traduction du latin.
[12] Ibid., 334-335.
[13] Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, II-II, q. 82 a. 1.
[14] García-Villoslada, op. Cit. , 335.
[15] García-Villoslada, op. Cit. , 339.
[16] Ibid., 340
[17] Thomas de Kempis, Diologi novitiorum, lib. I, chap. 4: Opera VII, 17.18.19.21-22.
[18] Ibid., 343-344.
[19] Nous empruntons les paroles du Père Federico H. missionnaire dans le plateau tibétain.
8 comentarios
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Ja!!! Lo subía la web para que permanezca. "Scripta manent". Dios lo bendiga. PJOR
À cet égard, nous avons dit plus haut que le nominalisme a été l’un des pères de cette école de spiritualité en remettant en cause non seulement la métaphysique de Thomas d’Aquin, jugée superflue, mais même la philosophie, “la mère des hérétiques» [10], la promotion de la vanité, selon Groote.
Se ven ecos de Groote en el irracionalismo de Lutero: "la razón es la mayor prostituta del diablo; por su naturaleza y manera de ser es una prostituta nociva, devorada por la sarna y la lepra, que debería ser pisoteada y destruida, ella y su sabiduría... Es y debe ser ahogada en el Bautismo... merecería que se la relegase al lugar más sucio de la casa, a las letrinas".
La méthodolatrie de l’esprit peut se transformer en menu sous le regard du directeur spirituel qui agira alors plus comme un contrôleur, comme un contremaître analysant et réglementant le travail, le sommeil, les repas, les relations, etc., conduisant l’âme à un infantilisme spirituel. De même que précédemment, il serait erroné de parler d’un mal intrinsèque du directeur spirituel (car presque tous les saints en ont eu un!), mais bien du mal intrinsèque de la soumission servile à un homme sans reconnaître que celui qui est sauvé ou condamné est bien le dévot
Por desgracia, esto se puede observar contemporáneamente en algunas órdenes y actitudes, hasta el punto de obedecer hasta en el pecado. Parte de lo que está pasando ahora se deriva de una concepción aberrante de la obediencia.
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Absolutamente de acuerdo. Ya publicaré un post sobre Lutero y si devotomodernismo obediencialista. PJOR
Como tampoco promovía desinterés apostólico el SALVA TU ALMA que solía grabarse en el atrio de los templos.
Para apostolar con fruto, es prioritario buscar primero la propia salvación con verdadero afán. Hoy en cambio vemos a muchos marchar a las periferias tan mal preparados, que buena falta les haría un poco del Kempis.
Le tengo mucho afecto a este librito, que me ha ayudado muchísimo. Y doy fe que jamás me ha llevado a pensar que el cristiano debía recluirse en una campana de cristal. Más bien todo lo contrario.
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Caro Ricardo: en el texto en español respondí a un comentario similar de la siguiente manera:
"Devotio moderna y Santa Teresita
Palas y Devoto moderno: no iba a intervenir; la discusión estaba interesante, pero yo mismo me había planteado esta inquietud que aduce Devoto moderno. Si Santa Teresita, siendo doctora de la Iglesia era “devota moderna”, ¿cómo es que es santa y hasta doctora de la Iglesia?
Creo que, como Palas dice, no todo lo de la Devotio moderna es malo; creo que, como escribí en el artículo, es incompleto. Si muchos se han santificado (e incluso llegado a la gloria del martirio) no fue justamente por seguir esta corriente de la espiritualidad, sino por el contrario, por ir más allá de ella.
Un devoto moderno no tiene, como tuvieron muchos de los jesuitas que vinieron a Hispanoamérica y como la misma Santa Teresita (Patrona de las misiones, por cierto) tuvo, ese deseo ardiente de misionar y de –perdón la ironía- de “proselitizar”.
“Tengo vocación de apóstol... Quisiera recorrer la tierra, predicar tu nombre y plantar tu cruz gloriosa en suelo infiel. Pero Amado mío, una sola misión no sería suficiente para mí. Quisiera anunciar el Evangelio al mismo tiempo en las cinco partes del mundo, y hasta en las islas más remotas... Quisiera ser misionero no sólo durante algunos años, sino haberlo sido desde la creación del mundo y seguirlo siendo hasta la consumación de los siglos...” (Santa Teresita, “Historia de un alma”).
El Kempis pudo servirle a esta gigante de la espiritualidad, al inicio, pero no siempre.
“Desde hacía mucho tiempo yo me venía alimentando con «la flor de harina» contenida en la Imitación. Este era el único libro que me ayudaba, pues no había descubierto todavía los tesoros escondidos en el Evangelio. Me sabía de memoria casi todos los capítulos de mi querida Imitación, y ese librito no me abandonaba nunca; en verano lo llevaba en el bolsillo, y en invierno en el manguito, era ya una costumbre. En casa de mi tía se divertían mucho a costa de eso, y abriéndolo al azar, me hacían recitar el capítulo que tenían ante los ojos. A mis 14 años, con mis deseos de saber, Dios pensó que era necesario añadir a «la flor de harina miel y aceite en abundancia». Esa miel y ese aceite me los hizo encontrar en las charlas del Sr. abate Arminjon sobre el fin del mundo presente y los misterios de la vida futura”
Pero aún esto no le bastaba; y buscó la radicalidad en el Evangelio
“La Sagrada Escritura y la Imitación de Cristo vienen en mi ayuda. En ellas encuentro un alimento sólido y completamente puro. Pero lo que me sustenta durante la oración, por encima de todo, es el Evangelio. En él encuentro todo lo que necesita mi pobre alma. En él descubro de continuo nuevas luces y sentidos ocultos y misteriosos...”
En fin; era sólo un aporte. Creo que debemos analizar bien la espiritualidad que hemos recibido. Tomar lo bueno y dejar de lado lo malo. Este trabajito sólo ha intentado ser propedéutico. Intentaremos seguirla. Dios los guarde. PJOR"
Je pense, pour ma part, que la relecture du Kempis ne nous ferait pas de mal. Beaucoup de saints s'en sont inspirés. La pénitence, voilà la grande absente de notre monde moderne avide de plaisir et toujours déçu.
¡Feliz Año Nuevo, para usted y el P. Federico, para la voluntaria belga y también para para el ex-pastor!
Que Dios les conceda el ciento por uno de los talentos que están empeñando en la tarea de ampliar su reino en la tierra.
Y, a continuación, le expongo mi tristeza al leerle. Ya me sucedió cuando leí el original castellano del texto que ahora publica en francés. Su insistencia me ha invitado a escribirle. Se trata del fantasma de la devotio moderna que enarbola. Peligroso fantasma, dice usted. Manteniéndose a una prudente distancia –creo deducir con sus lectores y comentaristas- se vive católicamente mejor. No es del todo malo pero es fácil ser llevado por esa devotio a caer en la tiniebla.
Sin embargo, no veo –y eso ya se lo señalaron en su día- cómo luchar contra ese fantasma salvo que, siguiendo las pautas espirituales que usted da, sin necesidad de leer a dichos autores, nos mantengamos o lleguemos al buen camino que es Cristo. Porque es un fantasma. Que no ha inventado usted, desde luego. La etiqueta, la de “devotio moderna”, para calificar, como dice usted, una “corriente espiritual”, fue invento de un autor eclesiástico decimonónico que no tardó en ser convenientemente desmontada, con tan poca fortuna que, a partir de entonces, se utilizó para designar toda la espiritualidad cristiana del norte de Europa anterior a Lutero; presentada, en definitiva, como una preparación de Lutero. De ahí su peligro. Y esto supone una concepción histórica, aparte de poco cristiana (por hegeliana, que es una deformación del historicidad cristiana), técnicamente deficiente. Su conocimiento de dichos autores, con acentos tan distintos como los que proponen Groote, Ruysbroek o Kempis (salvo Kempis, quizá), lo sospecho nulo más allá que el espigueo que hace García Villoslada. Cuyo trabajo de profundización tampoco me parece heroico. Artículos como este le hacen un mal favor a la historia del catolicismo como una historia de la gracia, que es la que nos corresponde hacer. Invitar con amor y pasión a lo que conozcamos de bueno que ha producido y no a la vulgarización, a propalar etiquetas para el consumo más o menos rápido. Somos discípulos de la verdad, no del mundo. Y en esos autores hay maravillas, como en las raíces que parecen peligrosas por haberles dado lugar, el agustinismo, el franciscanismo... Cada vez que oigo un ismo aplicado a un autor de la Iglesia me echo a temblar cómo me quieren hoy quitar a un santo. Como cuando nuestros profesores de literatura se ponen a hablar del paulinismo del erasmismo de nuestros autores del siglo de oro. Desde luego, conocían mucho mejor a san Pablo que ellos, pero no pensaban en esos términos modernos. Y, claro, podían saber a san Pablo y discutir a Erasmo. No podemos combatir, como ha pretendido hacer usted, la leyenda negra española, creando otras con la misma ligereza.
P. D.: ¿No le llevó por lo menos a dudar el retrato que cuelga de Martillito? Sonríe beatíficamente, muy lejos de la negra pintura que ofrece de su pensamiento.
P.D. 2. No sé si habrían fardado sus miembros de las ediciones en sus distintos idiomas de sus textos. Lleve cuidao.
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En primer lugar, supongo que el “niño Manuel” es el “Emmanuel” o el Niño Jesús, es decir, Dios con nosotros.
En segundo lugar, “el fantasma de la devotio moderna” no es tal; su respuesta me lo confirma, pues evidentemente el texto le debe haber afectado.
La noción no es tampoco decimonónica; leyendo durante el año pasado los textos originales de Martín Lutero, pueden verse clarísimamente estas características en el heresiarca alemán; ya publicaré algo al respecto.
Su comentario, además, me lleva a que, en pocos días más, publique un nuevo texto al respecto que, seguramente no será del agrado de todo el mundo.
Bendiciones y feliz año nuevo. PJOR
De lo demás, en fin, le pido perdón por lo que haya en el comentario que le dejé de jactancioso, insolente, desconsiderado, envidioso o iracundo. Así como por cualquier imperfección del espíritu, por mínima que sea, que le haya acarreado, porque también cae de mi cuenta. No nos damos cuenta de lo que nuestras palabras, tantas veces inncesarias, nos granjean de mal por el mal ajeno. Por eso le recomiendo (por favor, no se tome a mal la recomendación, que la hago como a alguien que quiero) que no se precipite al publicar lo que anuncia por ilustrar mi ignorancia. Necesitamos trabajos duraderos también en la palabra, y lo que dura no es simplemente lo escrito (también se olvida), sino lo que va escrito con verdadero amor, amor del cielo, el que, como quería el profeta, se graba en los corazones.
Muy agradecido por sus bendiciones y su felicitación, que sigo rogando que me envíe, le renuevo mis mejores deseos en este feliz día de nuestra santa Madre y Abogada.
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